Parcours patrimoine

La longue histoire de la mairie

Le 14 juillet 1887, le nouvel hôtel de ville est inauguré au cours d'une fête restée inoubliable, qui s'est achevée par un banquet et un grand bal. Cet élégant bâtiment aux allures d'hôtel particulier avec son riche fronton et ses petits pavillons en retour, a vu Olivet croître, passant du petit bourg rural de 3 660 âmes à une ville qui compte en 2019 plus de 22 000 habitants. Parmi les 28 maires qui se sont succédé, on compte un amateur de jardin (Léon-Hector
Patas d'Illiers), un pionnier de la culture de la betterave à sucre (Mesmin-Thomas), un horticulteur et rosiériste célèbre (Albert Barbier) et une figure de l'aéronautique (Paul Genain).

Informations annexes au site

La mairie avant la mairie…

Pendant tout l’Ancien Régime, Olivet ne disposait pas d’élus locaux chargés de la gestion des affaires de la commune : c’était un syndic qui s’en occupait. Il a fallu attendre le début de la Révolution pour qu’une municipalité au sens moderne du terme soit installée : la toute première municipalité olivetaine a été élue en janvier 1790, conformément à la loi du 14 décembre 1789 de l’Assemblée Nationale. Les habitants se choisissent comme premier maire André Cribier, marchand de vin du bourg, remplacé peu après par Jean-Pierre Cosson, vigneron du quartier du Cloître, auquel a succédé un autre vigneron Jacques Lepage (il ne faut pas oublier que pendant des siècles Olivet a été un bourg viticole). Le conseil municipal se composait alors de 26 membres. Et le tout premier registre des délibérations municipales date du 10 octobre 1790. Entre 1795 et 1800, le conseil municipal est supprimé et remplacé par une municipalité cantonale, regroupant avec Olivet les
communes de Saint-Hilaire-Saint-Mesmin, de Saint-Nicolas-Saint-Mesmin, Pryvé, Saint-Denis-en-Val et Saint-Jean-le-Blanc. Puis après le 18 brumaire, les municipalités cantonales sont supprimées et le 20 avril 1800 les maires sont rétablis dans chaque commune ; c’est Altin Gautry qui exerce la fonction à Olivet jusqu’en 1806. À cette époque le conseil se réunissait dans une salle de café de la grande rue du bourg, avant de décider que les séances se tiendraient désormais dans l’ancien presbytère confisqué, local qui devait servir de mairie pendant encore de longues années.
Le 12 mai 1822, sous le mandat d’Hector Patas d’Illiers, le conseil achetait la maison de la Petite Borde pour y établir la mairie, en bordure de la route de Saint-Hilaire, juste en face de la place publique où se tenaient foires et assemblées. Puis pendant quelques années cette maison a abrité les soeurs de la Providence. Ce n’est qu’en 1854 que la mairie s’y réinstalle définitivement, avec en annexes une dépendance abritant le matériel à incendie et une autre servant de prison. Depuis lors elle n’a plus changé d’emplacement, mais le bâtiment lui-même devait être entièrement reconstruit.

Une mairie flambant neuve

C’est au cours de la séance du conseil du 4 septembre 1884, sous le mandat de Rodolphe Richard Bertrand, qu’est lu un premier rapport sur le projet de reconstruction de la Mairie. On envisage d’abord de trouver un autre terrain, puis, après réflexion, il est décidé que la nouvelle mairie serait construite sur l’emplacement de celle existante, en rachetant la propriété voisine, l’immeuble Gallinand, pour disposer de plus d’espace ; et l’on abattra le gros platane centenaire qui se trouve dans la cour.
Les devis pour la construction de la nouvelle mairie et d’une école maternelle sont établis en 1885 :
pour faire face à ces importantes dépenses, il sera nécessaire de faire un emprunt, approuvé par le
préfet en juillet 1886.
Dès octobre 1886, a lieu la cérémonie de la pose de la première pierre : M. le Maire a fait un beau discours, puis il a déposé sous la première assise droite de la porte d’entrée de la salle du rez-de-chaussée deux étuis d’étain renfermant dans l’un les noms des membres du conseil à cette date, et dans l’autre des pièces de monnaie des différentes époques.
Les travaux sont rondement menés et le jeudi 14 juillet 1887 la nouvelle mairie est inaugurée au cours d’une grande fête, que rapporte le Journal du Loiret : « Le jeudi 14 juillet, par une assez belle journée, Olivet était pavoisée aux couleurs nationales. Un arc de verdure avait été dressé au pont, au lieu de réception des autorités supérieures, et une estrade s’élevait dans la cour de la mairie entre les deux pavillons. À 2 heures 30 sur le champ de foire, le cortège fut composé dans l’ordre suivant : sapeurs-pompiers, porte-haches, tambours et clairons, l’Union musicale républicaine, le conseil municipal, les membres de la caisse des écoles, de la bibliothèque populaire, le bataillon scolaire, la Société de gymnastique et de tir, les invités du canton. Et l’on se rendit au pont d’Olivet où arrivaient en même temps MM. Boegner, préfet du Loiret, Fousset, député du Loiret etc. Après le défilé à travers le bourg, les discours et la visite des bâtiments communaux, les diverses sociétés se sont rangées sur le champ de foire où le préfet les passe en revue. Il fait la remise à la Société de gymnastique Le Réveil du drapeau qui lui a été offert par son président M. Perchwerty. Puis le défilé se rendit à l’école maternelle pour la visite des classes et à l’Eldorado où devait avoir lieu le banquet. 182 personnes prennent part à ce festin. Le banquet s’est terminé à 8 heures par l’hymne national que la musique a exécuté aux acclamations de « Vive la République ». Le soir les édifices publics et la grande rue du bourg étaient illuminés par d’innombrables vers de couleurs et de lanternes vénitiennes, et un bal gratuit à l’Eldorado termina la soirée. »
Le 6 novembre 1887, c’est la première fois que le conseil se réunit dans la grande salle de la nouvelle mairie. L’assemblée décide que c’est là que seront célébrés les mariages. En 1897, la municipalité achète un bâtiment jouxtant la mairie pour y loger le matériel d’incendie et le matériel des fêtes.
En 1902, la commune rend hommage à ses maires : le 21 août le conseil municipal décide que seront
apposées dans la grande salle de la mairie deux plaques, l’une portant les noms des bienfaiteurs d’Olivet et l’autre les noms des maires. Cette plaque peut toujours se voir, avec les noms de tous les maires successifs, depuis l’An VIII du calendrier républicain (c’est-à-dire 1800).
1987 : fête du centenaire de la Mairie 
Le 14 juillet 1987, de grandes festivités ont été organisées pour fêter le 100 e anniversaire de l’Hôtel de Ville, reprenant le programme du 14 juillet 1887 : défilé dans les rues en costume d’époque (tout le corps municipal avait joué le jeu), retraites au flambeau, bal, kermesse, concert.

Histoire du buste de Marianne
Il a été offert par les conseillers municipaux nouvellement élus en 1881 : pour la première fois le conseil n’était composé que d’ardents républicains. Le 6 février Albert Barbier conseiller prononça une allocution enthousiaste, insistant sur le succès brillamment remporté aux élections municipales par le parti républicain et réclamant l’achat d’un buste de la République qu’on installerait dans la salle des séances : « ce buste, dit-il, ce ne sont pas les fonds de la commune qui doivent le payer, ce sont les conseillers qui doivent l’acheter de leurs deniers. » Barbier proposa donc à tous ses collègues de se cotiser pour offrir ce buste à la Mairie. Ce qui fut fait. Le buste fut évidemment réinstallé dans pour la salle des délibérations qui n’en avait pas.

Quelques figures remarquables à la mairie d’Olivet

Léon-Hector Patas d’Illiers (1780-1827), l’Amateur de jardins
Sous le Consulat, en août 1800, Altin Gautry, vigneron du bourg, est nommé maire (c’est lui qui prescrit pour la première fois le numérotage des maisons) et reste en fonction jusqu’au 31 août 1806, date à laquelle il démissionne. Après un intérim assuré par Bénardeau-Fouquiau, marchand de vin, le 10 août 1807 Léon-Hector Patas d’Illiers est désigné par arrêté préfectoral comme premier magistrat de sa commune ; il allait être régulièrement reconduit dans ses fonctions jusqu’à sa mort en 1827 (à l’exception d’un bref entracte au moment des Cent Jours). Unanimement reconnu pour ses qualités et son dévouement, il a oeuvré, au cours de son long mandat pour le mieux-être de ses administrés, se préoccupant sans cesse des plus démunis. C’est lui aussi qui crée la compagnie des sapeurs-pompiers d’Olivet en 1819, et qui procède en 1822 à l’achat de la Petit-Borde pour y installer la mairie. Quoiqu’issu d’une vieille famille d’Ancien Régime, c’est un maire jeune (il a 27 ans lorsqu’il est désigné à cette fonction), très actif et épris de nouveauté.
Ce bon serviteur de la commune avait aussi une passion, un violon d’Ingres : il était amateur de jardins et féru d’architecture. Et il avait pu donner libre cours à cette passion sur son beau domaine de La Fontaine dont il avait hérité très jeune, de son arrière-grand-mère Mme Pinchinat. Enthousiasmé par les jardins anglais qu’il avait découverts en 1802 au cours d’un voyage en Angleterre, il avait remanié une grande partie de son parc « à la française » dans le style paysager « à l’anglaise », en y traçant des allées sinueuses, en ouvrant de vastes perspectives sur le Loiret et les tours de Sainte-Croix, en le plantant d’arbres d’essences rares comme tulipiers de Virginie, sophoras, cyprès chauves, cèdres d’Afrique et du Liban, chênes rouges d’Amérique, pins du nord, hêtres pourpres, liquidambars. Ce jardin merveilleux qui faisait l’admiration des contemporains est aujourd’hui encore l’exemple parfait de la juxtaposition harmonieuse d’un jardin de style classique et d’un jardin du 19 ème de style anglais, et les beaux arbres plantés par Léon-Hector Patas d’Illiers – cèdres, tulipiers, cyprès chauves, magnolias – sont désormais de taille majestueuse. Le château de la Fontaine, toujours aux mains de la même famille qui entretient ce patrimoine avec amour, accueille réceptions et évènements culturels et artistiques organisés par l’Association des Amis du Château de La Fontaine.

Etienne François Luc Jacque de Mainville (1791-1853), ancien manufacturier et grand propriétaire
À la mort d’Hector Patas d’Illiers, Etienne-François Jacque de Mainville est désigné en mai 1827 pour lui succéder. Démissionnaire après la Révolution de juillet 1830 et l’arrivée sur le trône de Louis-Philippe, il est remplacé par Laurence Emery Thomas Mesmin. Puis, à la mort de ce dernier en 1834, il retrouve le poste de maire jusqu’à la Révolution de 1848. Il était le fils de Pierre Luc François Jacque de Mainville qui avait installé à Olivet en 1784, sur ses terres du Couasnon sa manufacture de toiles peintes ( Station 1 L’Orme-Grenier ). Il habitait le beau château du Couasnon reconstruit par son père, et dont lui-même, tout enfant, avait posé la première pierre.
Les habitants d’Olivet étaient très attachés à la famille Jacque de Mainville : ils avaient même, lors de la Fête de la Reconnaissance le 10 prairial an VII (1799), déclaré solennellement Pierre Luc François Jacques de Mainville « Bienfaiteur de l’Humanité » pour avoir continué à faire tourner sa manufacture et à donner du travail à ses ouvriers pendant la Terreur. Si la manufacture a définitivement fermé ses portes depuis quelques années lorsqu’Etienne-François est nommé maire, ce dernier n’en reste pas moins très investi dans la vie du village. Vice-président du tout premier comice agricole d’Orléans, il se préoccupe des progrès de l’agriculture pour améliorer les conditions de vie des paysans olivetains.
En tant que maire, pour dynamiser le commerce, il demande que deux nouvelles foires se tiennent à Olivet, le premier jeudi de janvier, et le lendemain de la fête de la Saint-Martin d’été. Il s’occupe activement de développer l’enseignement primaire sur la commune. Ainsi fait-il procéder à l’achat d’un nouvel immeuble pour installer l’école publique des filles en 1836. Il favorise aussi l’installation des soeurs de la Providence pour s’occuper d’une école privée de filles, en 1843. Après la Révolution de 1848, il est démis par le gouvernement provisoire de la République qui met à sa place M. Goineau et un conseil municipal républicain.

Mesmin-Thomas un pionnier de la culture de la betterave à sucre 
Après les « Trois Glorieuses » en juillet 1830, Laurence Emery Mesmin-Thomas, favorable au nouveau régime, remplace Jacque de Mainville. Il sera maire d’Olivet et conseiller d’arrondissement, jusqu’à son décès brutal en avril 1834. Soucieux de progrès agricole et désireux d’aider les vignerons d’Olivet en leur proposant une nouvelle culture plus rémunératrice que la vigne (qui traversait une grave crise à cette époque) : la betterave à sucre, dont la culture en France était encore expérimentale et qu’il a été le tout premier à introduire dans le département, sur ses terres d’Olivet précisément, au début des années 1820. Il avait une vaste propriété, au bord du Loiret, appelée Maison de l’Ours, dont les terres étaient essentiellement plantées en vignes. Les premiers essais ayant été convaincants, il a utilisé ses premières récoltes de betteraves pour l’alimentation du bétail pendant l’hiver. Devant les excellents résultats qu’il a obtenus, il en a donné à tous ses voisins vignerons qui avaient aussi quelques vaches laitières, et surtout il les a encouragés à en planter, mettant au point lui-même un semoir mécanique tout à fait astucieux, pour économiser sur les frais d’ensemencement des betteraves. Puis rapidement, à partir de 1826 il a planté ses betteraves en plein champ sur de plus grandes surfaces et s’est lancé dans la fabrication du sucre, avec son ami le pharmacien d’Orléans, M. Montagnier. Il installe des chaudières et tout le matériel nécessaire pour raffiner le sucre de betterave dans les dépendances de sa Maison de l’Ours. Il a raconté ses expériences sucrières dans deux mémoires qu’il a présentés en 1827 et 1828 à la Société des Sciences, Arts, Agriculture et Belles Lettres d’Orléans dont il faisait partie. Si la fabrication de sucre de betterave à Olivet a cessé avec la mort de Mesmin-Thomas, la culture de cette racine s’est poursuivie pendant plusieurs années sur la commune, sous l’impulsion qu’avait donnée ce maire agronome passionné.

Albert Barbier (1845-1931), un grand horticulteur et un rosiériste célèbre 
Élu conseiller municipal de la commune d'Olivet en 1881, il devient adjoint de 1883 à 1896 puis maire le 18 mai 1896 et le restera jusqu’en 1919. En 1907 les électeurs du canton Sud l’élisent comme conseiller général : il siègera au Conseil Général jusqu’à sa mort en 1931. Il a mené une carrière exemplaire, d’un grand dévouement, tant sur le plan professionnel que politique. Issu d’un milieu modeste, il était le fils ainé d’Albéric Barbier qui était « jardinier-fleuriste » à Olivet, auquel il dédiera plus tard en 1900 l’une de ses plus belles créations, un rosier-liane aux fleurs jaune pâle et blanc crème, très parfumées, toujours plébiscité par les amateurs de roses anciennes. Il commence comme garçon jardinier au Château de la Source, puis entre en 1863 comme jardinier aux pépinières Transon et Dauvesse dans le quartier Saint-Marceau à Orléans, avec son frère cadet Eugène. Ils gravissent tous deux les échelons, deviennent chefs de culture, puis directeurs avec l’entière confiance de leur patron, Paul Transon auquel ils vont succéder, sous la raison sociale Barbier Frères et Fils en 1892 puis Barbier & Cie à partir de 1898 au 16, route d'Olivet à Saint-Marceau.
La société va devenir, sous l’impulsion d’Albert et de ses fils, la première pépinière de roses de la région : il a créé, jusqu’à la fin de ses jours, plus d’une soixantaine de roses nouvelles, qui ont eu un succès international et dont plusieurs sont toujours très recherchées. On peut toujours les admirer aux roseraies de L’Haÿ-les-Roses et de Bagatelle, ainsi qu’à la Roseraie conservatoire Jean Dupont à Orléans (et se les procurer à la pépinière de roses de Francia et Flora Thauvin à Saint-Cyr-en-Val qui produisent toute la collection des roses obtenues par Albert Barbier).
En dehors des roses, on lui doit aussi la propagation de la cerise « Early Rivers » auprès des producteurs de cerises d’Olivet : un hiver terrible ayant anéanti les cerisiers en 1879-1880, les vergers d’Olivet et de Saint-Pryvé ont dû être replantés en une variété plus résistante importée d’Angleterre par Albert Barbier, la variété « Early Rivers ». À partir de greffons prélevés sur les pieds mères des pépinières Barbier, cette nouvelle variété se répandit rapidement sur tout le terroir olivétain. En 1900, la moitié des cerisiers d’Olivet étaient des « Early Rivers ».
Albert Barbier a aussi été le promoteur de la reconstitution du vignoble olivetain après les ravages du phylloxéra : il a encouragé les vignerons à replanter des porte-greffes américains résistants, qu’il avait multipliés dans ses pépinières.
Au cours de son mandat, Olivet s’est doté de nombreux équipements : une école de filles toute neuve, le rattachement de la commune au réseau téléphonique départemental, l’éclairage électrique des rues puis l’arrivée de l’électricité dans les maisons. C’est sous l’égide d’Albert Barbier qu’a été créée la Société de secours mutuel des vignerons, cultivateurs et ouvriers agricoles d’Olivet.
Très investi, tout au long de sa carrière, dans le monde horticole, il a fondé le Syndicat Horticole du Loiret, a été président de la Société Horticole du Loiret, de la Société d’encouragement à l’Agriculture de l’arrondissement d’Orléans, membre et président de très nombreux jurys de concours et d’expositions horticoles en France et à l’étranger etc.
Il a été nommé chevalier de la Légion d'honneur par le décret du 15 août 1900, et commandeur dans l’ordre du Mérite agricole en 1910.


Paul Genain (1887-1953), une grande figure de l’aéronautique nationale
Élu maire en 1929, il occupera la fonction jusqu’en 1944 avec un intermède de deux ans (mobilisé en 1939, il est remplacé provisoirement par son adjoint Albert Ricois). Revenu en 1941 il va gérer avec son équipe cette période très difficile de l’occupation allemande. Après la Libération, en 1944, il est remplacé par le Dr André Crozat.
À la fois brillant officier de de l’Armée de l’Air, homme de terrain efficace et grand patron, Paul Genain a été un maire très actif à Olivet, où il s’était installé en 1920, au château de la Quétonnière. Ingénieur de formation, il avait déjà derrière lui une belle carrière de pilote de l’aviation militaire : commandant d’escadrille pendant la guerre de 14-18, il avait eu une conduite extrêmement valeureuse, cité plusieurs fois à l’ordre de l’armée, fait chevalier de la Légion d’Honneur dès février 1916. Après la guerre, en 1920, il est affecté, en tant qu’officier de réserve, au 31 e Régiment d’Aviation d’Observation de Tours. Entre temps, il avait repris ses activités d’ingénieur et dirigeait une importante usine de bois et d’exploitation forestière à Fay-aux-Loges, l’usine Rémy. En février 1921, il est fait officier de la Légion d’Honneur.
Au cours de ses deux mandats, il a oeuvré avec un dynamisme remarquable, dans tous les domaines, au développement d’Olivet : début de l’urbanisation avec le lotissement des parcs des châteaux de Couasnon, Plissay, l’Etang, Beauvoir, gros travaux d’adduction d’eau potable (creusement de forages, du réseau de
canalisations, construction du 1er château d’eau), première ligne d’autobus (reliant la gare d’Orléans à Olivet centre), extension du réseau électrique à toute la commune, construction d’un grand hall couvert sur la place de la Mairie pour les marchés, règlements des marchés de gros et de détails des fruits et légumes, et établissement d’un marché de gros spécifique pour les cerises… Il a aussi été l’un des promoteurs les plus énergiques de la création de la cave coopérative d’Olivet en 1933.
Lors de son deuxième mandat, il peut compter sur le soutien du député orléanais ministre de l’Education nationale et des Beaux-Arts, Jean Zay, qui l’aide à obtenir des subventions pour son projet d’école maternelle et pour de nouveaux équipements sportifs. Toujours passionné par l’aviation, il crée en 1935 l’Aéro-Club du Loiret sur l’aérodrome de Saran, qui connaît immédiatement un grand succès. Devenu lui-même propriétaire en 1937 d’un monoplan triplace, un « Phrygane » stationné à Saran, il offre un baptême de l’air aux écoliers d’Olivet qui ont obtenu leur certificat d’études. En mars 1939, il reçoit la cravate de commandeur de la Légion d’Honneur au cours d’une prise d’armes solennelle sur la base aérienne de Bricy. 
Mobilisé dès le début de la guerre, il est affecté en 1940, à Alger, à la direction de la Régie Air Afrique, tâche à laquelle il va se consacrer avec passion. Dès le lendemain de la guerre, n’étant plus maire, il prend
une part très active à la reconstruction de l’aviation française marchande, en fondant en 1946 avec Paul Bernard la Compagnie des Transports aériens internationaux (TAI), qui allait devenir la grande compagnie UTA, plus tard fusionnée avec Air France.

Jules-Marie Simon (1871-1970), journaliste, poète, écrivain régionaliste
Jules-Marie Simon a seulement été conseiller municipal à Olivet de 1900 à 1903. Mais il reste une personnalité olivetaine remarquable à plus d’un titre.
Né rue Saint-Marceau à Orléans, il habite Olivet dans sa jeunesse ; il fait ses études au Lycée Pothier où il est condisciple de Péguy. Très brillant élève, il se destine à une carrière de journaliste, et tout jeune va travailler au « Républicain Orléanais » où son père était journaliste. Puis il est embauché comme secrétaire-adjoint à la mairie d’Orléans. Il crée alors, en 1898, une revue littéraire et artistique , La Renaissance Artistique du Centre , à laquelle collaborent le jeune Gaston Couté et un écrivain olivetain, Henri da Costa. Autour de Jules-Marie Simon se réunit alors un joyeux phalanstère de poètes et chansonniers qui vont se baptiser Les Cigaliers du Mont-Martroy , et organiser des spectacles, à l’enseigne du Lézard d’Or, au 1 er étage du café de l’Europe place du Martroy.
Aux élections municipales du 6 mai 1900, il est élu sur la liste républicaine d’Albert Barbier ; il a été alors un conseiller municipal très assidu, rédigeant de très nombreux rapports, s’enthousiasmant pour tout ce qui pouvait moderniser la commune : télégraphe et téléphone, éclairage public, prolongement de la ligne de tramways etc. En mars 1903, il crée, avec plusieurs vignerons, une Société de Secours mutuels des vignerons d’Olivet. Sa vocation de journaliste l’entraîne en août 1903 vers d’autres horizons, mais, tout au long de sa brillante carrière, il est resté profondément attaché à sa région d’origine, où il est revenu à l’âge de la retraite. On lui doit toute une oeuvre folklorique, des poèmes patoisants, de nombreux articles et notes sur l’Orléanais et la Sologne, des glossaires des vieux parlers solognots et beaucerons.
Il a écrit une Histoire d’Olivet , restée manuscrite, qu’il arrête en 1903 avec son départ d’Olivet, mais qui, fourmillant de détails collectés dans les registres des délibérations municipales, reste une mine pour les passionnés d’histoire locale.

Petite histoire des sapeurs-pompiers d’Olivet

Au début du 19 e siècle, Olivet a une pompe à incendie mais pas de pompiers ! La compagnie des sapeurs-pompiers d’Olivet est créée le 26 mars 1819 par le maire Hector Patas d’Illiers, avec à sa tête Etienne-François-Luc Jacque de Mainville, capitaine et un état-major composé du sergent-chef André Cresset-Rocher, du caporal sous-chef Jean-Charles-Louis Rémi et du maître-cordonnier Louis Dubois-Fouquieu, ayant sous leurs ordres 30 hommes. La mairie se charge de leur fournir un uniforme (gilet rond bleu et pantalon de même couleur), ainsi qu’une plaque de cuivre sur laquelle était gravé « Compagnie des Pompiers d’Olivet » et qui devait être attachée à une bande d’étoffe bleue sur la manche. Quant au casque, il était à la charge de chaque pompier.
L’année suivante de sa création, le 15 mai 1820, la compagnie a à faire face à un grave incendie : la foudre était tombée sur le clocher et avait mis le feu aux charpentes de l’église. Les pompiers étaient intervenus courageusement mais on s’aperçut que leurs interventions manquaient totalement de coordination et de discipline. D’où réorganisation de la troupe avec un règlement plus strict, un barème de sanctions, et des exercices obligatoires chaque premier dimanche du mois.
Les effectifs sont portés en 1838 à 81, puis en 1844 M. de Quinemont, capitaine des sapeurs-pompiers, est autorisé à porter à 110 l’effectif de la compagnie ; dans la foulée, pour compléter le matériel, on achète une cinquantaine de seaux à incendie puis un chariot pour la pompe à incendie. Mais dès 1849, on décide de réduire la compagnie à 80 membres. En 1850, 12 fusils sont fournis aux saoeyrs-pompiers. En 1852, les pompiers sont dotés d’un nouvel uniforme et leur nouveau capitaine est M. de Monteyremar, qui, démissionnaire en 1857, est remplacé par Berge-Lamandé, auquel succède en 1864 Félix Germon. La compagnie dispose alors de deux pompes à incendie.
En 1869 les pompiers créent la société de Secours Mutuel des Sapeurs-Pompiers d’Olivet.
Le 19 février 1885, une nouvelle pompe à incendie de modèle Thirion est achetée et installée à Noras. 
Le 20 août 1885, le conseil municipal décide l’achat de 200 seaux à incendie et fait procéder à d’importantes réparations du matériel d’incendie. Le lundi de Pâques 2 avril 1888, les sapeurs-pompiers d’Olivet prennent part au concours départemental de pompes de Jargeau et s’y couvrent de gloire : ils reviennent avec une palme de vermeil, deux médailles de vermeil et une médaille d’argent !
En 1899 le conseil municipal décide l’achat d’une nouvelle pompe à incendie.
Le 30 mai 1914, le concours départemental de pompes a lieu à Olivet, attirant un monde fou, comme on pouvait le lire dans le compte rendu du journal local : « La charmante petite cité, toute gauloise par l’esprit et l’hospitalité, avait été magnifiquement décorée. C’était bien la première fois qu’elle recevait un nombre si considérable de curieux. L’affluence était telle qu’il était difficile de circuler dans la rue Nationale (actuellement rue Marcel Belot), gentiment bordée de sapins piquées de fleurs et toute enguirlandée. Il y a eu de la part des habitants un effort, une unanimité, dignes de tous les éloges. La matinée avait été consacrée au concours pour les officiers et les sous-officiers. Puis ç’avait été l’assemblée générale départementale, au cours de laquelle on parla des progrès réalisés par l’Union départementale des Sapeurs-pompiers . » Puis un magnifique défilé emmené par les meilleures formations musicales du département avait enthousiasmé la foule. Et après un banquet républicain présidé par le maire Albert Barbier, tout au long de l’après-midi s’étaient déroulés les concours.
En 1933, le corps des sapeurs-pompiers d’Olivet s’équipe d’un camion autopompe Delaugère et Clayette, qui a été en service jusqu’en 1952. Ce petit trésor du patrimoine olivetain existe toujours et fonctionne à merveille, bichonné par l’Amicale des Sapeurs-Pompiers qui l’exposent volontiers pour les grandes occasions, Sainte-Barbe, Portes ouvertes du Centre, Congrès départemental…
Le 30 mai 1937, c’était le Concours National des Pompes à incendie qui avait été organisé à Olivet, sous la présidence de Jean Zay, député et ministre de l’Education Nationale. Cela avait été une fête mémorable : 49 corps avec un effectif de 1200 pompiers et 250 musiciens avaient participé au Concours national de manoeuvres, d’extinction de feu, de sauvetage, d’ambulance, de batteries et sonneries . À midi il y avait eu un banquet de 150 convives à l’Eldorado et le soir un immense cortège aux flambeaux avec de nombreux chars décorés, dont le char des sapeurs-pompiers d’Olivet qui portait la Madelon des pompiers élue avec ses demoiselles d’honneur quelques jours avant. Le Journal du Loiret faisait, le lendemain, un compte rendu enthousiaste de cette journée, sous un gros titre : « Olivet, cité des fleurs et de l’eau, assiste et applaudit au Concours National de Manoeuvre et d’extinction d’incendie ». « Quand on traverse Olivet, la cité des fleurs et de l’eau, on croirait toujours que c’est dimanche. Les échos du Loiret savent pourtant si une gaité, une animation plus vives y règnent aux journées dominicales ! Mais les 30 mai à cet égard battit tous les records. Il n’était une façade du bourg coquet qui n’eut reçu sa décoration florale, naturelle ou artificielle ; et de la rivière au stade, des carrefours aux places, dès le matin, le soleil faisait étinceler des centaines de casques luisants, les uniformes pittoresques évoluaient par groupe dans la poussière dorée, les commandements et les coups de sifflets se répondaient et se croisaient au-dessus d’une foule sans cesse plus dense . »
En 1966, une nouvelle caserne est construite au coeur du bourg, en face de la mairie : c’est le Centre de Secours n°33, CS 33, qui allait être agrandi en 1973 et 1993.
Aujourd’hui le centre compte une quarantaine de pompiers tous volontaires et, dans le cadre de la réorganisation territoriale des casernes du Loiret, est appelé à déménager dans le nouveau centre rue de la Trésorerie pour devenir le Poste avancé Olivet/Saint-Hilaire. Une nouvelle page de l’histoire des sapeurs-pompiers d’Olivet commence à s’écrire.