Parcours patrimoine

L'Horloge Fleurie

Belle illustration de l'art de la mosaïculture, l'Horloge Fleurie, dans le quartier du Val, a dès son installation en 1951 rencontré un vif succès populaire. Les Orléanais venaient l'admirer en famille. Les Olivetains y sont restés fidèles et attendent chaque année la nouvelle composition florale de 6 500 plantes. Les terres du Val sont riches d'alluvions fertiles. À la fin du XVIIIe siècle, pépiniéristes et horticulteurs s'installent entre la route d'Olivet, la rue d’Ivoy et la Croix-Lazin. La culture des roses a fait le renom d'Olivet. Les créations des rosiéristes étaient exportées dans le monde entier.

Informations annexes au site

Petite leçon de mosaïculture

Les jardiniers, horticulteurs et pépiniéristes du Val orléanais sont passés maîtres, à la fin du 19e siècle et au début du 20 e siècle, dans l’art de la mosaïculture, qui, comme son nom l’indique, se sert de plantes pour former les motifs d’une véritable broderie végétale, associant les couleurs des floraisons et surtout des feuillages, exigeant une maîtrise parfaite du métier ainsi qu’un gros travail de création et d’entretien. Enthousiasmés par cette nouvelle technique de décoration florale qu’ils avaient découverte à l’Exposition Universelle de Paris de 1867, les horticulteurs d’Orléans et d’Olivet l’ont développée et popularisée grâce à leurs savoir-faire et grâce à la gamme très variée de plantes propres à cet usage qu’ils produisaient dans leurs pépinières. A partir de 1880, la SHOL (Société d’Horticulture du Loiret) crée un prix spécial pour récompenser les virtuoses de cet art lors
de ses expositions bisannuelles. La mosaïculture est ainsi devenue l’une des nombreuses spécialités horticoles du Val orléanais, au point que, lorsque le Parc Pasteur est créé à Orléans en 1920, les professionnels veulent en faire d’abord une vitrine de cette spécialité particulière. Et lors des Floralies Internationales d’Orléans au Parc de la Source, la mosaïculture a été encore à l’honneur tout au long des manifestations.

L'Horloge fleurie d'Olivet

Inaugurée le 10 juin 1951, elle se trouve à la pointe de la rue Albert-Barbier et de l’impasse du Château. C’est le syndicat d’initiative très dynamique d’Olivet qui avait eu cette bonne idée d’une horloge fleurie, soutenu par la corporation des horticulteurs et pépiniéristes du canton Orléans-Sud qui étaient alors nombreux et très actifs. Le plan en est commandé au paysagiste orléanais Lanson. Le succès populaire a été immédiat : les Orléanais venaient l’admirer en famille et c’était un atout touristique supplémentaire pour Olivet.
Ses deux aiguilles qui mesurent respectivement 2m et 2m50, sont entraînées par un vrai mécanisme
d’horloge, qu’on a placé sous le parterre de fleurs, dirigé par un moteur électrique commandé lui-même par une « horloge-mère » qui le régule. Tout ce mécanisme a été très précisément conçu, à l’origine, avant de dessiner les plantations. La mise en place en a été délicate parce qu’on voulait positionner l’horloge fleurie sur un plan incliné pour qu'elle soit plus facilement visible.
Alors que la mosaïculture est par la suite passée de mode et a été délaissée un peu partout en France, les Olivetains sont restés fidèles à leur Horloge fleurie, attendant chaque année impatiemment la nouvelle composition imaginée pour leur charmante tapisserie végétale. Et ils ont bien eu raison, car, aujourd’hui, la mosaïculture a retrouvé toutes ses lettres de noblesse et fait l’objet, dans le monde entier, d’expositions spectaculaires et de concours prestigieux. L’Horloge fleurie d’Olivet est plus que jamais dans l’air du temps !
Elle est fleurie de mi-mai à mi-octobre et sa composition, différente chaque année, est réalisée par les jardiniers-stagiaires de l'AFPA (Association nationale pour la formation professionnelle des adultes, installée dans le château de l’Archette tout à côté) à partir d’un dessin conçu par le service olivetain des espaces verts, utilisant pas moins de 6500 plantes vivaces et fleuries ! 


Un rendez-vous présidentiel à l’Horloge fleurie 
L’Horloge fleurie a reçu la visite du général de Gaulle, pas moins ! on était le 8 mai 1959, le Président de la République, se rendant à Orléans pour les fêtes de Jeanne d’Arc, a fait une petite halte à Olivet. Tout le conseil municipal d’Olivet ainsi que les maires d’Ardon et de Saint-Cyr en Val l’attendent devant l’Horloge fleurie où les Olivetains se sont installés dès potron-minet. Le cortège officiel de Citroën DS noires arrive à 9 heures 15 pile. Après les salutations d’usage, courte allocution du Général, qui ensuite prend un petit bain de foule devant l’Horloge fleurie. Puis deux enfants lui remettent un coussin de fleurs naturelles représentant une croix de Lorraine, offertes par d’anciens soldats de l’unité que commandait le Général en 1940. Puis le Président a changé de voiture, il est monté dans une voiture décapotée pour se rendre à Orléans où on l’attendait de pied ferme pour les fêtes johanniques. Et voilà comment l’horloge fleurie d’Olivet a vécu quelques instants historiques…

L’âge d’or des pépiniéristes et des rosiéristes olivetains

Olivet a l’âme jardinière. Et cela ne date pas d’hier. À preuve, on y honore particulièrement saint Fiacre, patron des jardiniers depuis, depuis… des siècles. Il y avait, de très ancienne fondation, une confrérie de la Saint-Fiacre (dont les comptes étaient conservés dans l’église depuis le XVIIe siècle) qui regroupait les jardiniers d’Olivet.

Aux côtés de la vigne omniprésente à Olivet depuis le Moyen Age, l’horticulture s’est développée dès la fin du 18 e siècle sur ces terres du Val riches d’alluvions fertiles : le sieur Etienne Proust avait créé près l’Orme-Grenier en 1770 une importante pépinière spécialisée dans les arbres et arbustes d’ornement. À partir de 1850, l’horticulture olivetaine connaît un essor important et plusieurs pépiniéristes s’installent dans ce secteur, entre la route d’Olivet, la rue d’Yvoy, la Croix-Lazin.
Parmi eux, deux remarquables obtenteurs de roses, Jacques Vigneron et son fils Alcide , aux talents reconnus aussi bien en Europe qu'aux États-Unis : leurs roses se trouvent encore dans des roseraies aux quatre coins du monde.
Jacques Vigneron (1817-1892) a un parcours exemplaire : orphelin, il commence à travailler très tôt, s’initie au métier chez de grands pépiniéristes et rosiéristes de la région parisienne. On le trouve en 1846 jardinier au Château de la Ferté Saint-Aubin chez le prince Masséna, puis en 1848 aux pépinières Dauvesse à Saint-Marceau, où il commence à créer des rosiers pour lui-même. Il s’établit à son compte en 1853 à Olivet, entre les rues des Glazons, du Couasnon et d’Ivoy. Il présente sans tarder ses premières créations, « Belle d’Orléans » et « Bérénice ». Jusqu’à sa retraite en 1885, il crée une centaine de roses nouvelles, spécialisé dans les roses dites hybrides remontants et les Bourbon.Toujours en culture. Cet hybride remontant très à la mode à cette époque est dédié à un membre de la famille Dauvesse chez qui Jacques Vigneron a appris le métier. C’est un rosier magnifique aux fleurs très doubles d’un rouge profond velouté, au parfum suave, qui a toute sa place dans les jardins d’aujourd’hui.
Son fils Alcide prend sa suite en 1885 et continue les obtentions, en diversifiant les domaines : il crée des hybrides de roses-thé, des polyanthas .
Récompensées par de très nombreuses médailles dans les concours de roses, 124 obtentions Vigneron ont été recensées entre 1850 et 1913, dont 41 ont été conservées (elles se trouvent dans la roseraie Jean Dupont à Saint-Marceau et dans les pépinières de roses Francia Thauvin à Saint-Cyr-en-Val). La collection générale de roses mises au catalogue Vigneron, en comptant toutes les variétés obtenues à l'extérieur, atteignit un millier en 1905 !
D’autres pépinières importantes se sont développées sur Olivet
Jules-Désiré Robichon-Loyer s’installe dans le quartier de l’Orme-Grenier, route d’Orléans N°7 et 9, à la fin des années 1840. Il devient un spécialiste reconnu des roses et des azalées, pour lesquelles il reçoit de très nombreuses médailles d’or. En 1882, il s’associe avec ses fils, qui vont développer la multiplication des roses : en 1888 la maison proposait sur son catalogue plus de 1300 variétés de roses et exportait beaucoup vers l’Angleterre et l’Italie. Son fils Albert reprend la maison sous le nom de Robichon A. et fils.
Les grandes pépinières de l’Arc-en-Ciel ont été créées par Auguste Baron-Legrand avant 1850, dans le même quartier de l’Orme-Grenier, au bord de la route d’Orléans. Après son décès, elles ont été rachetées en décembre 1882 par A. Théodet, horticulteur à Saint-Marceau.
À la même époque on trouvait aussi les établissements Belouet-Baron , entre le N°13 route d’Orléans et le N°17 rue d’Yvoy, qui seront vendus en 1913 à Jules Jacquet-Belouet , importante figure du monde horticole (il a été président de la Société de Secours Mutuels des Jardiniers dans les années 1930).
Corboeuf : Jean-Baptiste Corboeuf dit Corboeuf-Marsault s’est installé route d’Ivoy à Olivet en 1886 puis à Orléans rue de la Cigogne (à partir 1889). Obtenteur de roses, il a commercialisé 32 nouveautés, dans tous les groupes de roses, aussi bien hybrides thé, que polyanthas, thés, Wichura, et même roses de France. Il a été très actif, très présent dans les expositions nationales de roses, jusqu’à la disparition de la maison en 1913. 
Georges Bénard, installé route de Saint-Mesmin, puis à partir de 1904 au N°3 route d’Orléans, toujours à Olivet, a été un pépiniériste important, également obtenteur de roses. Aux pépinières Bénard succèderont en 1943 les pépinières Pierre Burte puis Burte et fils , qui après la Seconde Guerre mondiale continueront à produire de nombreux rosiers, liées par contrat à Universal Rose sélection (Meilland) et seront délocalisées à Saint-Cyr-en-Val. 
Encore plus près de nous : les pépinières Fernand Cognet, rue du Couasnon. Après la Deuxième Guerre Mondiale, sa femme Simone Cognet reprend le flambeau et dirige l’établissement qui se spécialise dans les roses. Obtentrice reconnue, elle a créé des variétés nouvelles, dont un beau grimpant jaune soufre baptisé « Ville de Paris ». Les pépinières du Couasnon fermeront leurs portes en 1978. Quant aux Grandes Pépinières de la Croix-Lazin elles ont été remplacées en 1959 par le premier grand immeuble d’Olivet, la Résidence.

Fête de la Rose à Olivet
Une heureuse tradition de l’entre-deux guerres, relancée en 1948 : les journées de la Rose à Olivet, organisée par le syndicat d’initiative et les rosiéristes d’Olivet et d’Orléans, avec bal, corso fleuri et spectacle au théâtre de verdure du Poutyl.


Un célèbre collectionneur d’orchidées à Olivet : Georges Mantin (1850-1910)
Voilà une figure olivetaine pittoresque, à la carrière pour le moins originale ! Musicien et mélomane (il a même composé plusieurs pièces de musique et des partitions de ballets), bibliophile, accessoirement avocat, il était surtout passionné par les orchidées dont il allait créer la plus belle et la plus complète collection de France, dans son château de Bel-Air sur la rive gauche du Loiret (rue Hème). Dans le jardin de cette belle demeure dont il a hérité au décès de sa mère, Georges Mantin fait construire d’immenses serres et quantités de châssis, où il bichonne des milliers de variétés d’orchidées, dont les plus rares. Il se lance alors dans l’hybridation des orchidées, qui en était encore en France à ses tout débuts : obtient Cypripedium olivetense , son 1 er hybride en 1891 (qu’il baptise ainsi en l’honneur d’Olivet), et Cattleya mantinii l'un des plus beaux hybrides français de l'époque, en 1894. Spécialiste reconnu en la matière, il devient président du Comité des Orchidées à la Société Nationale d’Horticulture de France. Et ses admirables collections remportent tous les premiers prix dans les concours, et en particulier à l’Exposition universelle de Paris en 1889. Et voilà comment Olivet a été un haut lieu de l’orchidophilie en France !

Un grand paysagiste
En 1920 Jean Graef s’établit comme architecte paysagiste à Olivet, au 8 rue de Couasnon, après avoir été installé quelques années à Paris. Architecte de formation, il avait ajouté à son cursus en 1910 une formation horticole en suivant à Orléans les cours spéciaux d’horticulture pour adultes sous le patronage du Syndicat Horticole du Loiret. En 1913, il avait épousé à Paris Victoria Marie Louise Hibry. Dès 1913, on le voit exposer ses plans et dessins de jardins aux expositions de la SHOL à Orléans (où il est régulièrement récompensé). On le trouve très actif à Orléans dans les années 1920-1930 : il est « architecte paysagiste expert auprès des tribunaux » ainsi que « géomètre expert diplômé par le gouvernement ». C’est alors qu’il réalise les fameux jardins d’exposition des Grandes Roseraies du Val de Loire route d’Olivet à Saint-Marceau. Ces jardins ont suscité l’admiration de tous, comme en témoigne cet article dithyrambique de Gaston Fleury dans le Figaro de juin 1929, rendant compte d’une visite aux Grandes Roseraies du Val de Loire : « À Orléans, une fois franchi de seuil de la grande maison française, on pénètre dans les fameux jardins de collections que Jean Graef a créés et d’où partent par millions, jusqu’aux confins de l’univers, les générateurs de roses incomparables. La grande fresque si animée, de style composite, que ce romantique – car au fond il est surtout cela – a peinte à même le sol des « Roseraies » magnifiques apparaît comme le plus vivant des enseignements. Il faut l’aller voir, jeunes hommes qui entrez dans cette carrière entre toutes
séduisante.
» Jean Graef a également dessiné de nombreux plans pour de beaux jardins dans toute la France, en particulier des roseraies dont il était un spécialiste reconnu.

Et aujourd’hui ?
L’amour des jardins est toujours bien vivant chez les Olivetains, entretenu par une section très active de la SHOL (créée en 1987), avec ses cours de jardinage et surtout son marché aux fleurs chaque printemps. Organisée par la SHOL d'Olivet (plaine des Martinets aujourd’hui, au début à Yvremont), cette manifestation a une grande notoriété dans la région : on y trouve plusieurs producteurs olivetains, qui maintiennent la tradition horticole sur le territoire de la commune. La SHOL a aussi créé le jardin des écoliers d’Olivet, l’un des premiers en France.


Les jardins familiaux depuis 2013

Les jardins familiaux ont été réalisés, rue de l'Orbellière dans le quartier du Val, à proximité d'un petit bois, sur un terrain de 9.115 m ² appartenant à la ville. Les parcelles de 100 m ², séparées par des allées en calcaire, réparties sur quatre îlots, avec leurs petits abris de jardin, font le bonheur des jardiniers amateurs adhérents. Et n’oublions pas qu’Olivet est Ville fleurie à 4 fleurs !

La chapelle du Couasnon

L’impasse du Château, à droite de l’Horloge fleurie conduit à une charmante chapelle à l’ombre d’un magnifique cèdre plusieurs fois centenaire. Cet arbre remarquable et ce petit édifice sont tout ce qui reste d’un beau domaine aujourd’hui disparu : le château de Couasnon, construit à la toute fin du 18 e siècle par
Pierre Luc François Jacque de Mainville au milieu d’un parc à l’anglaise traversé par le Lazin.
Il y avait dans cette petite chapelle une exceptionnelle statue Renaissance en albâtre représentant la Vierge à l’Enfant , dite Vierge d’Olivet , dont on ignore l’origine. Cette pièce unique, qui était restée dans la famille des héritiers d’Etienne-François Jacque de Mainville (en l’occurrence sa fille Marie-Thérèse Jacque de Mainville qui avait épousé Victor Isle de Beauchaine), fut vendue en 1872 à un antiquaire puis acquise par Louis-Charles Timbal grand collectionneur et amateur de sculptures de la Renaissance, qui l’a revendue au Louvre en 1875.
Cette grande Vierge à l’Enfant en albâtre (une variété tendre de marbre), de 1,80 m de hauteur, pleine de simplicité et de douceur, est une pièce majeure de l’art du Val de Loire des années 1510-1520, représentative de l’art de Michel Colombe et attribuée à son neveu et collaborateur, Guillaume Regnault.
En 1934 deux copies en stuc en avaient été réalisées par les ateliers du Louvre : l’une a été réinstallée dans la petite chapelle du Couasnon le 22 juillet 1934 et l’autre dans l’église Saint-Martin d’Olivet le 15 août 1934. Lors de la bénédiction de la statue le 22 juillet 1934, Louis d’Illiers avait rappelé une charmante légende qui s’y rattachait : « Elle est bien de chez nous, cette jeune femme si simple, si calme, regardant avec amour le bel enfant qui fait sa gloire. La légende veut qu’une paysanne d’Olivet ait posé devant l’auteur, c’est bien possible : dans ma jeunesse quand les femmes de la campagne se faisaient encore honneur de porter le bonnet des vieux temps, c’est dix, vingt Vierges d’Olivet que nous admirions le dimanche à la grand’messe… »
En 1943 , le beau château de Couasnon, après avoir un temps été transformé en hôtel-restaurant est démoli et le parc est loti.
Seule rescapée, la petite chapelle du Couasnon a encore servie aux offices dominicaux du quartier jusqu’à la construction de l’église Notre-Dame-du-Val en 1967 (où a été réinstallée la reproduction de la Vierge d’Olivet qui se trouvait dans la chapelle). Puis laissée à l’abandon, elle est aujourd’hui restaurée grâce à la passion du sculpteur Raymond Servais.