Parcours patrimoine

Les déversoirs

À partir du IXe siècle, les moines de l'abbaye de Micy ont drainé et canalisé le Loiret et y ont construit des digues ou chaussées artificielles, permettant l'amenée d'eau à leurs moulins. Tout au long du Moyen Age, d'autres communautés religieuses ont installé leurs moulins, façonnant le cours de la rivière que nous connaissons aujourd'hui. Tout cela compose un paysage inoubliable qui évoque la longue prospérité du Loiret avec ses moulins à farine, à tan, à foulons, à chamois, à papier dont les roues ont tourné jusqu'au début du XXe siècle.

 

Informations annexes au site

Bassins, chaussées et déversoirs, les aménagements hydrauliques des moulins

« Bien plus charmante que la grande Loire est la petite, le Loiret, qui, au sud d’Orléans, sur la rive gauche, sort brusquement de terre et paresse pendant douze kilomètres avant de rejoindre le lit de sa mère… La rivière muse alors au milieu des arbres et des près, à la fois aristocratique et populaire, car les châteaux, les parcs, les beaux jardins alternent avec les villas modestes, les jardins et les guinguettes. » Henry Debraye écrivait cela en 1937, le temps a passé mais le petit Loiret est resté fidèle à cette image champêtre. Bien sûr, il n’y a plus de lavandières dans les criques, battant le linge à grands coups, et le tic-tac des roues des moulins s’est tu ; mais il y a toujours des châteaux pour rêver, des pêcheurs attentifs et patients, des peintres du dimanche, des bonnes tables au bord de l’eau. Et le Sentier des Près, longeant le bassin de Saint-Samson, qui forme un magnifique plan d’eau de plus de 30 hectares où glissent les cygnes, n’en finit pas de dérouler l’écheveau de ses charmes, d’hier à aujourd’hui, entre sport et farniente.

Guinguettes et canotage sur le bassin de Saint-Samson

À la Belle Époque, sur la rive gauche du Loiret, entre l’ancien château du Couasnon et la chaussée de Saint-Samson, les petites villas et « chalets » au bord de l’eau se sont multipliés, avec leurs pittoresques gares à bateaux construites vers le milieu du XIXe siècle directement sur la rivière, qui font toujours partie du décor et du patrimoine olivetain.
À la même époque, les guinguettes ont fleuri, pour le plus grand bonheur des amateurs de canotage et de promenades sur l’eau : ces établissements très courus proposaient de nombreuses embarcations à la location, barques, yoles et périssoires, qui circulaient en tous sens sur le bassin de Saint-Samson et provoquaient les jours de grande affluence de véritables embouteillages sur l’eau !
La première guinguette que l’on rencontrait après le pont sur le bassin de Saint-Samson était la Closerie des Lilas, toute fleurie de roses et de lilas et qui se trouvait en face de la terrasse du Poutyl : le patron, J. Boisgard, s’était équipé au début du XXe siècle, pour transporter ses clients, d’une innovation, « un canot hydro-glisseur », baptisé Le Quand Même – c’était l’ancêtre de nos modernes hydroglisseurs et overcrafts. La Closerie des Lilas sera rebaptisée plus tard le Manderley, et c’est dans ces murs qu’a été tourné un épisode des fameuses Brigades du Tigre, série culte des années 1970.
Un peu plus en aval se trouvait le grand restaurant de la famille Couillard, À Madagascar qui s’appelait au début le Restaurant Suisse Joseph. Juste à côté, Le Petit Matelot appartenait à la famille Manceau : de la réunion du Restaurant Suisse et du Petit Matelot devait naître le restaurant À Madagascar, qui possédait une flottille de location très importante. En août 1987, le restaurant Madagascar mettait à l’eau un magnifique bateau-mouche pour des balades sur le Loiret, faisant ainsi revivre la Belle Époque des guinguettes et du canotage sur le Loiret.
Ensuite venait le Pavillon Bleu de la Maison Grenier, dont on peut toujours admirer le magnifique ponton et les tonnelles en dentelle de bois. Mais connaissez-vous la belle histoire de cette ancienne guinguette ? Cela commence par une merveilleuse aventure de saltimbanques : Ernest et Marie-Louise Grenier avaient créé en 1894, le « Théâtre électrique Grenier » qui projetait, dans les foires, les toutes premières bandes du cinématographe, combinées à des numéros de cirque. C’était nouveau, et le succès était au rendez-vous : en 1910, le « Théâtre électrique Grenier » était un établissement de 400 places ; il comportait sept caravanes pour se déplacer de foire en foire. Entretemps la fille des Grenier, Adrienne, avait épousé en 1904 le clown Alexandre Palisse, qui a d’abord travaillé dans la troupe de ses beaux-parents, avant de créer son propre cirque, le Cirque Palisse que les Orléanais adoraient. Mais la guerre de 14-18 allait interrompre la belle carrière du « Théâtre électrique » : les Grenier se sont alors réfugiés à Olivet où ils possédaient une petite propriété, la villa « Sans Gêne » au bord du Loiret. Ils se sont courageusement remis à l’ouvrage et ont créé sur leur propriété une guinguette, qui fait rapidement de bonnes affaires, et qu’ils baptisent le Pavillon Bleu. À cette époque on pouvait voir des éléphants au Pavillon Bleu ! En effet le gendre Alexandre Palisse, lorsque son cirque était installé à Orléans pour la grande Foire du Mail, amenait ses éléphants au Pavillon Bleu, pour qu’ils puissent se désaltérer dans le Loiret : c’était une véritable attraction et la scène a été immortalisée par de nombreuses cartes postales. Après le décès des Grenier, l’établissement a changé de main et poursuivi son aventure, rebaptisé un temps Les Quatre Saisons avant de retrouver son ancien nom de Pavillon Bleu.
La dernière guinguette avant la chaussée de Saint-Samson était Le Robinson (qui allait plus tard moderniser son nom en Le Rivage). C’est d’abord un restaurateur de Châteauneuf qui y installe une guinguette, disposant d’un ponton et de barques en location, et où l’on organisait de fameux tournois de boules. Le Robinson est racheté et rénové en 1930 par M. Pradet, président de la Halle aux Livres. À la Libération, le Robinson devient le Rivage, avant d’être racheté en 1954 par Roland Béraud, qui, à l’occasion des Floralies en 1967, y ouvre aussi un hôtel.
Si la Closerie des Lilas a définitivement fermé ses portes, les trois autres restaurants font toujours vivre le souvenir des anciennes guinguettes avec leurs terrasses au bord de l’eau.

La Société Nautique du Loiret ou S.N.L., la doyenne des associations sportives du Loiret

Le bassin de Saint-Samson a été le « berceau » du premier club de sport de la région, promis à une remarquable longévité, puisqu’il est toujours actif, sous le nom d’ACOO (Aviron Club Orléans-Olivet). C’est en effet à Olivet qu’a vu le jour, en 1882, la Société Nautique du Loiret.
Le 30 juillet 1882, un groupe de mordus du canotage organisait les toutes premières courses d’aviron sur le Loiret, sur ce bassin de Saint-Samson qui forme un véritable stade nautique naturel. Cette nouveauté avait attiré la foule qui, massée le long du Chemin de Robinson (ainsi appelait-on alors le Sentier des Prés), avait applaudi avec enthousiasme aux exploits de ces amateurs, pionniers des sports nautiques dans notre département. Portée par ce succès, la Société Nautique du Loiret est créée aussitôt après, le 15 août 1882, dans le but de développer et d’encourager le goût des exercices et des courses nautiques, ainsi qu’il est écrit dans les statuts. Dès sa formation, elle réunit 80 membres, autour du président Albert Ratisseau : ils sont 120 un mois après et 415 au bout d’un an ! Le comité loue immédiatement, pour dix ans, un terrain en bordure du Loiret sur le bassin de Saint-Samson et y fait construire un élégant garage à bateau, où sont rangées périssoires et yoles de compétition. On s’entraîne dur sur le Loiret, et les membres du club brillent dans les régates organisées en Loire par la Société, chaque année au mois de mai. L’équipe atteint bientôt un excellent niveau. En 1908 a lieu la première « course de dames », à Saint-Hilaire-Saint-Mesmin, devant le Pavillon bleu. En 1910, se déroule, le long du Loiret la première course des « Trois-Sports » (bicyclette, course à pied et aviron), toujours sous la houlette de la SNL.
La Société Nautique du Loiret draine tous les sportifs orléanais, tant et si bien qu’en 1910 elle quitte sa base d’Olivet pour s’installer sur la Loire à Orléans, quai Barentin, et connaît un nouvel élan : la société dispose là d’un vaste garage et les compétitions se déroulent dans le bassin de Saint-Laurent, face au quartier de la Madeleine. Et en 1925, la section aviron de la SNL devient la SNO, Société nautique d’Orléans.
Le grand artisan de cet âge d’or de la SNL a été une personnalité orléanaise, très pittoresque, Paul Besnard, à la fois ancien magistrat, poète patoisant qui a laissé une oeuvre très attachante sur la Sologne et les Solognots, peintre et graveur de talent, et, pour couronner le tout, passionné de navigation de plaisance en Loire sous toutes ses formes. Il en a été le président enthousiaste et novateur de 1892 jusqu’à son décès en 1930, et y a aussi développé la pratique de la voile. Dès sa deuxième année de présidence de la SNL, il avait instauré une « soirée artistique » annuelle où tous ces valeureux sportifs montraient qu’ils avaient aussi un joyeux sens de la fête…
En 1964, la Société Nautique retourne à son berceau d’origine à Olivet, plus d’un demi-siècle après avoir quitté les bords du Loiret. Elle s’installe alors dans le Parc du Poutyl, rebaptisée la SNOO (société nautique d’Orléans-Olivet). Bientôt un nouveau centre nautique est construit près de la source du Loiret, juste après le Parc Floral, il est baptisé centre Marcel Baratta du nom de l’ancien champion qui avait été secrétaire du club (où il était arrivé en 1955) et qui était décédé en 1969. Ce nouveau club, avec ses équipements modernes avait été inauguré le 23 mai 1970. En 1981, alors que le club allait fêter son centenaire, il y avait eu un peu de rififi : une partie des licenciés avaient quitté la SNNOO pour rallier l’Union sportive Orléanaise (L’USO aviron). Mais heureusement les deux clubs ont fusionné pour former en 1994 l’ACOO (Aviron –Club-Orléans-Olivet). Ce club plus que séculaire, qui compte de nombreux médaillés à son palmarès, est aujourd’hui plus dynamique que jamais. Et le Loiret (entre le bassin Paul Forêt et le bassin de Saint-Samson) est toujours le lieu d’entraînement privilégié des rameurs.